Diapason de novembre 2017
Critique de Jean-Claude Hulot
1909, année de la création d’Elektra et de la composition d’Erwartung est aussi celle où Carl Reinecke écrit son chant du cygne, la Ballade pour flûte et orchestre op. 288. Choquant ? Question de perspective, car s’il est vrai que l’importance du compositeur hambourgeois dans l’histoire de la musique ne peut le disputer ni à Strauss ni à Schönberg, il n’est pas interdit de se faire plaisir, un siècle plus tard, à l’écoute d’une musique qui puise ses racines chez Schumann et Mendelssohn. La pièce maîtresse de ce programme, qui, rassemble, sans constituer une intégrale, les principales œuvres pour flûte de Reinecke, souvent éparpillées par genre et mélangées à celles d’autres compositeurs, est la Sonate « Ondine », musique à thème – mais non à programme – inspirée par la ballade éponyme de La Motte-Fouqué. Elle permet à la talentueuse flûtiste Tatjana Ruhland de briller de mille feux, tant pas sa sensibilité que par sa maîtrise technique. Œuvre plus tardive, le Concerto vaut surtout par son mouvement lent, profondément belcantiste et d’une poignante mélancolie. Voilà qui vient démentir le qualificatif d’académique, trop souvent associé à la musique d’un classique profondément enraciné dans son siècle. (Yves Kerbiriou, 6.9.2017)